Saint Arnoul

Pour ce qui est de saint ARNOUL,  (sans D ou T en terminaison : c’est l’orthographe qui figure dans les cartulaires…), ils sont deux qui se présentent à nous, sachant qu’un troisième, évêque de GAP, ne peut, légitimement, être retenu étant mort en 1070.

Examinons ce qu’il en est :

Saint ARNOULD d’Yvelines naquit vers 480, à Reims. Ses parents, païens et de haute lignée, semblaient stériles, jusqu’à ce qu’ils se convertissent et reçoivent le baptême de St. REMI, évêque de Reims, avant celui de CLOVIS. ARNOUL (ARN WULF : l’aigle-loup), l’enfant tant désiré, vint au monde et fut consacré à DIEU. St. REMI le baptisa. Toujours à Reims, ARNOUL, reçut la meilleure éducation. Il excella et se montra fort zélé. De nouveau, il fut confié à St. REMI pour parfaire ses connaissances. Puis, recommandé par St. REMI, il devint conseiller auprès du jeune CLOVIS arrivant au pouvoir. Ses parents se préoccupèrent de marier ARNOUL, et s’en remirent aux conseils de St. REMI. C’est ainsi qu’ARNOUL épousa SCARIBERGE, une nièce de CLOVIS. Lors de la bénédiction de leur union ils firent vœu de chasteté devant St. REMI.

ARNOUL réalisa de très nombreux périples à travers l’Europe, en particulier comme messager de CLOVIS ; mais c’est d’abord à Jérusalem qu’il se rendit en pèlerinage, sur les pas du Christ. De ses nombreux voyages, on retrouve témoignage par son nom désignant lieux, édifices religieux (le col de Saint-ARNOUX, par exemple), mais aussi par les très nombreuses effigies ou statues…

ARNOUL devint prêtre et fut nommé exorciste par St. REMI. Désormais il voyagea pour propager la Foi. C’est au cours d’un voyage à Poitiers, pour honorer Saint MARTIN, qu’il fut élu, contre son gré, évêque de Tours (en 521 ou 522), le siège étant vacant. Il quitta cette charge au bout de 17 jours pour repartir prêcher sur les routes, jusqu’en Espagne, durant 11 années.

Lorsqu’en 533, ARNOUL apprit la mort de St. REMI, il repartit immédiatement vers Reims. Quelques mois plus tard, en 534, il fut sauvagement agressé dans une rue de Reims par le « clan » de sa femme SCARIBERGE. Très grièvement blessé à la tête, ARNOUL trouva néanmoins le force de rejoindre sa demeure où il rendit l’âme dans les bras de son épouse. ARNOUL ayant désiré, dans son dernier souffle, que sa dépouille repose, comme tous les évêques de Tours, auprès du tombeau de St. MARTIN, sa femme se mit en route en accompagnant  le cercueil. Curieusement, le convoi n’arriva jamais à destination ; en effet auprès de Rochefort en Yvelines l’attelage refusa, pour des raisons très mystérieuses, de reprendre sa progression. Cet endroit, exactement  à mi-chemin entre Reims et Tours, devint la sépulture d’ARNOUL et ce lieu prit son nom: SAINT ARNOUL EN YVELINES.

SCARIBERGE, sa femme, se fera religieuse à quelques kilomètres de la sépulture d’ARNOUL.

Saint ARNOUL d’Yvelines jouit d’une très grande dévotion, non seulement en Ile‑de‑France, mais aussi dans le Beauvaisis, en Normandie et dans toutes les contrées qu’il a visitées de son vivant, ainsi que celles qui furent traversées par son convoi funèbre.

Saint ARNOUL,  patron des marcheurs, est aussi protecteur des petits enfants. 

Comme nous l’avons indiqué, dans notre charte avec l’abbaye du Bec-Hellouin, ses reliques ont séjourné au Bec.

Outre l’église paroissiale dédiée à saint ARNOUL, à côté de la source saint CLAIR,  se trouve une piscine romane ( sans doute un baptistère de premiers temps) creusée dans la pierre du mont Canisy, où nous sommes. Dans cette piscine, on plongeait les enfants « noués » (ayant des problèmes de motricité) en invoquant saint ARNOUL. En 1726 cette piscine et son objet sont décrits par le Prieur de la chapelle dans le cadre d’un inventaire.

Comme pour saint CLAIR, combien de souffrances sont venues ici chercher, avec foi, le réconfort dans ce bain ! Combien de témoignages de grâces reçues  de saint ARNOUL ; le grand nombre d’ex-voto (béquilles, cannes, brassières, plaques, chapelets, etc.), une fois encore,  l’attestait ! La plaque la plus récente, encore visible, date de 1964.

Ainsi, saint CLAIR et saint ARNOUL, suscitent-ils une grande piété « populaire », qui se concrétisait jadis par deux pèlerinages, en juin et septembre.

L’ingratitude humaine a, dans le passé,  gravement blessé ces lieux, qui pourtant soulageaient des détresses elles aussi humaines.

 

« Saint ARNOUL, son histoire, son culte, ses légendes… » M.-J.&J.-C. HOUSSINOT

Editions de la Tour GILE (Péronnas) 2002.